La prière est au cœur même de tous les commandements.
Car c’est ce commandement, plus que tout autre, qui transmet à l’homme le sens de sa propre importance, lui permettant ainsi d’accomplir tous les autres commandements avec dévouement.
La Téphila, ou la prière, est le fondement de la vie juive. Un homme doit faire trois tephiloths par jour :
- Cha'harit le matin - שחרית
- Min'ha l'après-midi - מינחה
- Ârvit le soir (ou la nuit)- ערבית
Cependant, à Shabbat comme à Yom Tov, on rajoute, entre Cha'harit et Min'ha, une autre prière, Moussaf - מוסף.
Et enfin à Yom Kippour, et seulement ce jour, nous ajoutons une cinquième prière entre Min'ha et Ârvit, Néïla - נעילה.
A l'époque du Beth Hamikadach, Temple de Jérusalem, il n'y avait pas de prièresn mais des sacrifices (Korbanoths - קורבנות).
Nature de la prière juive
1. La prière est basée sur le fait
qu'il y a une communication entre D'ieu et nous(contrairement aux idoles diverses) car nous sommes faits à l'image de D.ieu et à sa ressemblance (Béréchite 1, 26) ;
qu'Il est la base de notre existence et de notre soutien dans la vie elle-même et Il répond à nos besoins, Il est notre lumière, force, salut.
2. Salomon dit (I Rois 8, 28) : Tu accueilleras la prière (téphila) et les supplications (té'hina)... tu écouteras sa rina et sa téfila". Il y a donc deux composantes :
l'orientation vers D'ieu que l'on nomme rina (adoration, crainte, révérence, amour, joie),
et la demande pour les besoins personnels (téphila).
3. D'une part, la prière est une présence continuelle à D'ieu ; d'autre part il y a des moments forts de prière chacque jour, à l'instar de Daniel (Daniel 6, 11) : le matin à l'aube (cha'harite), l'après-midi (min'ha), le soir (ârvite).
4. La prière est un face à face réciproque (néguéd) comme il est dit
- de la part de D'ieu : tes murailles, Jérusalem, sont constamment devant mes yeux,
- de la part de l'homme : je me représente Hachém constamment devant moi.
Dans un mélange de ces deux aspirations : "en ton nom mon cœur dit : recherchez ma face" (Psaume 27, 8).
Pratique
Elle est considérée comme un "travail" (âvoda) laborieux et sérieux dont le lieu est le cœur (âvoda ché balév). L'exemple donné est celui d'une femme, 'Hanna (I Samuel 1, 13) : 'Hanna parlait en son coeur. Ce texte est lu en préparation chaque matin par les séfarades.
Cette activité intérieure non statique mais mue volontairement, est la condition de la valeur de la prière et de son écoute par D'ieu (Psaume 10, 17). La halakha, règles de conduite prescrites, appelle cela "intention" (kavana), et dit que la kavana est obligatoire pour prier.
La traduction & explications du Séfèr Havidouï.
En priant, il faut veiller à :
• utiliser les prières rédigées qui sont sûres dans le respect, dans l'usage des noms de D'ieu, dans la hiérarchie des besoins et demandes, car seul les Sages qui connaissent peuvent le faire sans se tromper (Bérakhote 33 b) ; il est dit : "comment se fait-il qu'Israël prie et n'est pas exaucé, c'est parce qu'il ne sait pas comment demander".
• en conséquence, d'abord, apprendre la liste des bénédictions de remerciement pour l'usage de tout bien, car celui qui jouit des biens de la création sans remercier préalablement est considéré comme un voleur ; et un voleur n'a guère de chance d'être éxaucé par celui à qui il a porté préjudice.
• avoir une confiance absolue (Bérakhote 10 a : même si l'épée est sur ta gorge pour te tuer, demande encore avec confiance !).
• se souvenir que lorsque toutes les portes sont fermées, les larmes ouvrent et devancent toutes les autres prières (I Zohar 132b et II 12b et II 165a-b).
• ne pas faire de demandes vaines (michna Bérakhote 9:3) ou déraisonnables (début du Traité Taânite).
• ne pas faire de demandes qui ne respectent pas la hiérarchie des valeurs (la prière est un jugement personnel, un discernement), car il est des hommes qui aiment leur argent plus que leur vie, que leur corps et que leur âme (Bérakhote 61 b).
• demander d'abord pour ses proches (Baba Qama 93 a), et pour la collectivité, ce dont on a besoin soi-même (Bérakhote 29 b-30 a), condition pour que cela soit accordé.
• demander à D'ieu directement et non à des intermédiaires (Bérakhote de Jérusalem 9, 1).
• demander pour ceux qui sont dans le besoin, car celui qui ne le fait pas alors qu'il connait les besoins d'autrui est un pécheur (Bérakhote 12 b).
• examiner ses fautes, les regretter, et être décidé à modifier le comportement, avant même de présenter sa requête
Que signifie : il faut prier avec intention (kavana) ?
Il faut prier avec "intention". Celui qui prie avec intention mékhavéne.
Cela veut dire
- se placer en pensée face à la présence de D'ieu
- retirer de sa pensée toute autre préoccupation ou pensée,
- être présent aux mots que l'on dit et à leur sens qui n'est pas seulement intellectuel mais va jusqu'à l'intériorité de ce qui est dit,
- être présent aux sentiments portés par les mots,
- être présent avec tout son être, non seulement la tête mais aussi le corps,
- connaître les intentions que nos Sages ont reçues ou placées dans le texte de la prière (donc étudier ces textes décrivant les kavanoths de la prière), de façon globale pour un certain texte et de façon précise concernant les différents mots, et les Sages ont écrit des commentaires de la prière qui les transmettent,
- concevoir la prière comme une action qui réalise,
- concevoir la prière comme une action qui améliore un état du monde en permettant à la bénédiction de mieux y circuler ; cette amélioration se produit non seulement en améliorant celui qui prie mais aussi en améliorant le lien du monde visible avec le monde invisible.
Il est interdit de prier sans kavana.
Il vaut mieux prier un peu avec kavana que beaucoup sans kavana, mais ce principe ne peut pas être utilisé pour réduire le temps que l'on doit accorder à la prière et le juif a trois prières obligatoires par jour qui comprennent tout une séquence précise. Le fait de prier est déjà en soi une intention. De nombreux textes discutent de la question de savoir s'il faut ou non reprendre une prière, une bénédiction ou une mitsva qui n'aurait pas été réalisée avec une véritable intention (Choul'hane Âroukh, Ora'h 'Hayim 1, 4 et 60, 4).
Techniquement, cela exige
- de consacrer un moment avant de commencer la prière pour rejoindre intérieurement ces états (voir Bérakhote 5a),
- de dire avant la prière le petit texte traditionnel de préparation intérieure, dénommé lé chém yi'houd,
- de maintenir cette conscience pendant la prière.
- de s'y entrainer en ayant constamment la représentation intérieure de la présence de D'ieu devant soi pendant la journée.
Le minyane
Ce mot, signifiant "nombre" ou "quorum", est une assemblée de dix Juifs qui sont "bar-mitsva", c'est-à-dire qui ont dépassé l'âge de 13 ans qui est l'âge à partir duquel on doit accomplir les mitsvoths prescrites dans la Torah.
Ce nombre est cité dans la prière d'Avraham pour sauver Sodome (Béréchite 18, 32).
Il est préférable de faire la prière dans un minyane car la chékhina (présence divine) y réside davantage que dans la prière individuelle ou dans la prière à deux ou à trois (voit Bérakhote 6a). De même lisez le psaume 82 : D'ieu se tient dans l'assemblée divine, au sein des juges Il juge".
L'exemple du minyane vient du groupe des dix chefs de tribus qui furent envoyés par Moché pour aller prendre connaissance de la terre et bien en témoigner ; ce groupe fut d'abord nommé édâ comme dans le psaume ci-dessus.
On parle de minyane comme d'un quota de 10 quand il est atteint.
Tout Juif a valeur pour rendre complet et plein le minyane, quel que soit son degré de science ou de sainteté. Et 9 grands Sages, instruits, saints, considérés et riches, etc. ne sont rien sans ce dixième, fut-il le plus simple.
Cela doit nous inspirer un immense respect pour tous et avec égalité.
Ce ne sont pas nos critères, ni nos jugements, qui fixent le caractère saint du peuple juif et la présence de la Chékhina. Si les hommes en avaient décidés, dans leur vanité les choses eussent été autres !
Il y a des prières ou forment religieuses qui nécessitent un minyane :
- dire le qaddiche.
- dire l'appel de prier nommé Barékhou.
- répéter la Âmida avec la qédoucha.
- lire publiquement la Torah et la Haftarah.
- faire la bénédiction des Cohanim.
- dire la prière d'aide aux endeuillés (maâmad oumochave).
- les 7 bénédictions du mariage (chévâ bérakhotes).
- l'une des formules de bénédiction avant la prière de la fin du repas (birkate hammazone).
S'il y a un minyane, ces prières peuvent se faire, quel que soit l'endroit ou le type de batiment, sans synagogue, sur un lieu de travail, dans une maison familiale, en avion, etc.
L'importance du minyane et du 10ème incitent les Juifs
- à sentir le devoir de se rendre à la synagogue pour aider la communauté à pouvoir prier.
- à s'y rendre dès le début de la prière.
- à habiter près d'une synagogue, lieu d'étude et de prière, pour qu'il soit possible de s'y rendre avec facilité.
Il va de soi qu'il ne s'agit pas seulement d'une présence physique et, donc, tout membre d'un minyane doit veiller à ne pas perturber la prière des autres par la parole sur des sujets divers.
Les heures de la prière à l'intérieur des 12 heures du jour solaire (intervalle entre le lever et le coucher du soleil, divisé en 12 parts égales)
Pour toute précision, ou pour toute application locale, vous devez demander au rabbin le plus proche.
Lui seul a pu envisager les problèmes posés, les étudier et y trouver les réponses.
Ici, vous avez seulement les principes généraux et le vocabulaire pour pouvoir échanger sérieusement.
1. Cadre du jour juif
- Le moment des prières n'est pas déterminé par l'heure uniforme toute l'année comme sur nos montres actuelles mais par l'heure solaire utilisée depuis l'antiquité et qui est variable selon les saisons : pour cela, on divise en 12 parties égales le temps qui sépare le lever du coucher du soleil et on a ainsi 12 "heures" dont la durée est variable au long des saisons (de 40 à 80 minutes).
- La nuit est également divisée en douze autres heures d'égale durée entre le coucher du soleil et son lever.
- Le milieu du jour s'appelle 'hastote hayom ; le milieu de la nuit s'appelle 'hatsote halaïla.
- Pour bien connaître le calendrier juif, il faut approfondir ces questions. Être Juif, c'est toute une anthropologie particulière, en non pas être dans les nations comme elles selon leurs cadres et, simplement, avoir une "religion" un peu différente. Ce peuple juif a un sens particulier du temps et de l'espace, et une conception de l'homme particulière.
2. Matin : Chémâ, téphilines, Cha'harite.
- Le matin a lieu à l'aurore (âmoud hacha'har), suivie 72 minutes plus tard du lever du soleil. L'heure de l'aurore est variable chaque suivant les saisons.Le soleil est levé vraiment 72 minutes après la première lumière de l'aurore
- C'est alors la fin de la nuit et de ses mitsvotes dont celle de la prière de arbite.
- L'aurore est l'heure du début des jeûnes.
- Puisque les Sages ont des méthodes différentes pour décider de l'intervalle entre l'aurore et le lever véritable du soleil, chaque communauté publie un calendrier où l'heure du début du jour est indiqué selon sa halakha choisie ; donc, c'est très simple. (Cet écart peut aller de 72 minutes pour Téroumate hadéché à 120 minutes pour le Rambane ou Marane, Rabbénou Yoseph Qaro).
- Le matin, la mise des téphilines et la prière de Cha'harite doivent se terminer avant le premier 1/3 de la journée, donc au plus tard 4 heures après le lever du soleil.
- Le matin, la prière du Chémâ Yisraël doit se terminer avant le premier 1/4 de la journée, donc au plus tard 3 heures après le lever du soleil.
Certains Juifs ont l'usage de préparer longuement la prière par l'étude et de laisser dépasser l'heure de la prière bien au delà de ces limites ; malgré la bonne intention, c'est une erreur grave.
3. Après-midi : Min'ha.
- Le temps normal et optimal pour dire min'ha est pendant min'ha qétana (la petite min'ha),qui s'étend de 9 heures et 1/2 à 10 heures 45, sur la base de la division du jour en 12 heures égales depuis le lever du soleil. Ce moment s'appelle pélag hamin'ha. Ensuite, c'est le début de la prière du soir ou Ârvite.
- Pour que les gens, pris par leur activités ne laissent pas passer le temps de min'ha, on "peut" dire min'ha une demi-heure après le milieu de la journée, soit 6 heures et 1/2 après le lever du soleil.On appelle cela min'ha guédola (la grande min'ha) qui dure de 6 heures et 1/2 jusqu'à 9 heures et 1/2.
4. Soir : Ârvite.
La prière du soir s'appelle Ârvite et commence donc à 10 h 45 à partir de lever du jour, à partir de Pélag ha min'ha, donc 1 heure 15 avant la fin des 12 heures du jour. Mais le Chémâ Yisraël doit être dit ou redit après la tombée effective de la nuit et jusqu'à minuit. Si on n'a pas pu le dire, on peut le faire encore jusqu'à l'aurore.
La sortie effective du soleil s'appelle yétsiate ha'hama ou le coucher du soleil (chéqiate hachéméche).
Rappel mnémotechnique
Matin
Jusque 3 heures (1/4 du jour) : fin du temps du Chémâ Yisrael du matin.
Jusque 4 heures (1/3 du jour) : fin du temps de la mise des téfillines.
Midi
A 6 heures (1/2 du jour) : midi ou 'Hatsote.
Après-midi
A 6 heures 1/2. Début de min'ha guédola (la grande min'ha) jusqu'à l'heure de Ârvite.
A 9 heures : ne plus rien faire avant de commencer min'ha.
A 9 heures 30 : début de min'ha qétana jusqu'à l'heure de ârvite ; c'est l'heure idéale pour faire min'ha, à proximité de l'heure de Ârvite.
.