C’est une très vieille coutume juive que de se couvrir la tête par signe de respect. Dans le Talmud on raconte que Rav Houna ne marchait pas quatre pas la tête découverte. Un autre rabbin conseille à son fils d’avoir toujours la tête couverte en signe de "crainte du ciel".
Les grands décisionnaires halakhiques (Maïmonide, Yossef Karo) considèrent que c’est une mesure de piété que de se couvrir la tête en permanence, mais n’y voient aucune obligation sauf au moment de prier ou de dire une bénédiction. C’est pourquoi beaucoup d’hommes se couvrent la tête du Talit au moment de la prière. Plusieurs sources anciennes montrent néanmoins que les juifs n’ont pas toujours été très scrupuleux sur cette question. Pour le Gaon de Vilna, il n’y a aucune interdiction d’avoir la tête découverte dans la vie de tous les jours sauf à son avis pour les rabbins importants, par contre il pense qu’il faut se couvrir la tête pendant la prière. La raison de la coutume de se couvrir la tête est donc avant tout une mesure de modestie. Il existe également une autre raison : la volonté de montrer sa différence et sa judéité. Cette seconde raison a toujours beaucoup influencé les coutumes juives. De nos jours la Kippa est de rigueur dans toute synagogue et au cours de toute cérémonie juive. Celui qui se promène avec une kippa toute la journée fait acte de piété. Par contre, il est tout à fait légitime pour le commun des juifs de ne pas en porter.
La question a pris un nouveau tournant avec les lois sur le voile islamique en France ; dans ce contexte il semble normal pour un juif de ne pas insister sur ce point et de ne pas froisser les gens, ou pire, s’attirer des ennuis.
Regardez autour de vous. Lorsque vous voyez un juif, considéré comme pratiquant ou religieux, la plupart du temps, il porte la barbe. Eh oui, l'une des caractéristique juive, c'est bien la barbe. Mais qu'est-ce que cela signifie ? Est-ce une bonne chose que de l'avoir ?
Hakol Hatorah vous propose quelques explications...
Nous allons voir que, comme pour beaucoup d’autres sujets, l’environnement social et les mentalités ont eu une forte influence sur les pratiques et les rabbins.
Dans l’antiquité, la coupe des cheveux et de la barbe définissait souvent l’appartenance à un groupe particulier ou à un ordre religieux. Égyptiens, assyriens, babyloniens, grecs, juifs... tous rivalisaient du poil. « Vous ne couperez point en rond les coins de votre chevelure, et tu ne raseras point les coins de ta barbe. » Ce verset interdit clairement de tailler sa barbe. La raison n’est pas très claire, mais semble exprimer une volonté de différencier les Juifs des non-juifs et peut-être de réagir contre des pratiques païennes. Se raser était aussi un signe de deuil : « Alors Job se leva, déchira son manteau, et se rasa la tête ; puis, se jetant par terre, il se prosterna ». « Et toi, fils de l’homme, prends un instrument tranchant, un rasoir de barbier ; prends-le, et passe-le sur ta tête et sur ta barbe. » Pour le Talmud, « la barbe est l’ornement de l’homme » et l’imberbe est considéré comme eunuque ; quant au Cohen imberbe, il ne pouvait bénir le peuple. Cependant les rabbins autorisaient à se raser ceux qui devaient fréquenter les romains (nécessité sociale). Au Moyen-Âge, Abravanel voyait dans le fait d’être imberbe une ressemblance malsaine avec les femmes. Les Juifs des pays musulmans portaient une longue barbe, ceux des pays chrétiens se la taillaient court avec des ciseaux. On punissait les hommes adultères en leur rasant la barbe. Seul un barbu pouvait être 'Hazan.
Pour les Kabalistes, la barbe a des pouvoirs mystiques et Isaac Luria ne touchait jamais la sienne afin de n’en perdre aucun poil.
En effet, selon la Kabal, tous les poils de la barbe sont des tuyaux aspirant la 'Ho'hma (le bon esprit). À l'inverse des cheveux, qui eux ne font que la rejeter. C'est pour cela que la coiffure d'un homme doit être régulièrement courte.
Avec la montée de l’influence Kabaliste en Europe, de plus en plus de rabbins s’opposèrent à toute taille de la barbe. Le 'Hassidisme vit dans le fait de tailler sa barbe une espèce d’apostasie. Cependant, nous l’avons vu, de tout temps des Juifs voulurent éliminer une pilosité jugée comme encombrante et trop marquée. Des rabbins autorisèrent la taille et même l’élimination totale de la barbe, en Italie notamment. Dès le XVIIème siècle, il était courant pour bien des Juifs, y compris certains rabbins, de se tailler la barbe ou de se la raser (avec une crème acide). Certains voient même dans le fait de se tailler la pilosité le vendredi un honneur fait au Shabbat ... A la célèbre yeshiva de Slovotka en Lituanie au début du siècle, les photos montrent de rares barbus ; dans la même yeshiva, aujourd’hui à Bnei Brak en Israël, les glabres sont bien rares... La mode agit donc partout. On voit qu’une fois de plus, on peut prêcher une chose et son contraire. Des autorités antisémites ont même obligé les Juifs à porter la barbe, pour les reconnaître, d’autres voulurent les forcer à se raser (Nicolas I de Russie). Chacun se souvient des horribles scènes de nazis coupant les barbes... De nos jours, la barbe ou son absence dit souvent ce qu’il y a dans la tête concernée. Mais attention, la chose peut induire en erreur... Il serait inconvenant dans certains milieux de ne pas avoir barbe, dans d’autres c’est presque l’inverse... De très nombreuses pieuses personnes se rasent ou se taillent la barbe. L’invention du rasoir électrique a permis de se raser sans couper la peau ni porter directement une lame sur son visage... Tout est, une fois de plus, subtile question d’interprétation.
Certains rabbins voudraient interdire à ceux qui se rasent avec une lame de monter à la Torah. La question concerne, en fait, tout transgresseur de la loi, celui qui vient en voiture le Shabbat, ne mange pas Cacher et autres nombreux exemples, soit 80es Juifs. Je n’ai pas à répondre pour une synagogue qui n’est pas la mienne, mais je profite de l’occasion pour donner mon opinion sur la question. Il me semble que tout Juif qui fait l’effort de venir à la synagogue le samedi, quelle que soit sa pilosité, son régime ou son moyen de locomotion, mérite le respect et doit être appelé à la Torah. Même si des autorités rabbiniques dans le passé, se sont servi de la pression sociale de la synagogue pour obliger à faire respecter la Halakha, cela n’a plus grand sens aujourd’hui dans la plupart des milieux juifs. Je pense qu’au contraire, il faut féliciter le Juif traditionaliste présent et le récompenser d’une Alya... Le Judaïsme n’a jamais été et ne saurait être, un club de "pieux" et de "vertueux", mais la religion de tout un peuple dans toutes ses nuances. En tout cas dans ma synagogue, telle sera toujours la politique et notre Sefer Torah se verra honoré de voir toutes sortes de visages se pencher sur lui.